Dans mon article précédent sur le kaizen, je vous avais promis de vous parler de la procrastination. La procrastination c’est l’art de remettre au lendemain ce qu’on devrait faire le jour même. Oui, même quand on ne connaît pas le mot, on connaît très bien le concept !
Nous y réussissons tous très bien à procrastiner et c’est souvent source de frustration et de culpabilité sur le plan personnel, et source d’ennuis lorsque cette tendance nous pousse à la négligence.
A contrario, quand on a enfin accompli une tâche longuement repoussée, on éprouve très souvent de la satisfaction et du soulagement à tel point qu’on se demande même pourquoi on ne l’avait pas fait avant.
Bonne question ! Pourquoi on ne l’a pas fait avant ! Pourquoi on procrastine ? Pourquoi ce comportement persiste-il en dépit du stress qu’il génère ? Il n’est pas seulement question de lutte entre la paresse et la motivation. On sait bien qu’il ne suffit pas de se dire « Allez à partir d’aujourd’hui je ne laisse plus traîner les choses, je ferai tout tambour battant ! ».
C’est comme si quelque chose était plus fort que nous. Mais quoi ?
La théorie communément admise nous explique que ceci est le résultat du fonctionnement de notre cerveau. Notre cerveau est composé de différentes zones qui ont chacune une fonction. Quand on doit faire un truc qui nous dérange, dans le sens très large du terme, le genre de truc qu’on est enclin à repousser indéfiniment, deux zones entrent en compétition : le système limbique et le cortex préfrontal.
Le système limbique c’est notre cerveau « combat ou fuite », celui qui nous aide à sauver notre peau lors des situations difficiles. On l’appelle aussi cerveau émotionnel. Il est très fort dans la détection des dangers. Très très fort et très rapide. Et donc très utile quand je suis réellement en danger.
Le problème avec le système limbique c’est son extrême vigilance et le fait qu’il a toujours un peu tendance à me « croire » en danger. A tel point que lorsque je ressens la moindre crainte, ou rejet, ou dégoût par rapport à une tâche à accomplir, le système limbique perçoit la tâche à accomplir comme un danger potentiel et va alors tout mettre en œuvre pour me protéger de ce danger et donc m’en écarter. Vous voyez un peu le topo ? Je dois seulement vider le garage ou organiser la prochaine cousinade et mon cerveau limbique e croit en danger !
La partie du cerveau qui contrebalance le système limbique c’est le cortex préfrontal. Il s’est développé tout au long de l’évolution humaine. Il est le siège des fonctions dites supérieures, les fonctions d’analyse, d’apprentissage, de planification, etc. Oui, planification ! C’est grâce à cette partie de mon cerveau que je planifie les tâches à accomplir et que j’analyse l’intérêt que j’ai à réaliser ces tâches. Le souci c’est que cette zone du cerveau est beaucoup moins rapide que son copain limbique qui a par conséquent un coup d’avance sur lui. C’est ce coup d’avance qui serait responsable de la procrastination. Le cerveau analyse les bienfaits de l’action à mener après coup, c’est à dire après la perception primaire du danger. Et pour les grands procrastinateurs, l’affaire est entendue : l’action est dangereuse, ils s’en écartent !
La procrastination, c’est donc une façon d’éviter un danger qui n’existe pas pour se créer des ennuis bien réels et/ou ressentir de l’angoisse, des remords, de la culpabilisation.
Mes astuces pour lutter contre cette tendance :
- Je pratique le kaizen (voir mon article précédent), qui découpe l’action à accomplir en petites tâches faciles à réaliser et donc minimise le danger ressenti par le système limbique.
- Je fais des listes de ces petites tâches et je les barre avec délices quand elles sont terminées ! La petite joie ressentie alors fait beaucoup de bien à mon cerveau.
- Je pratique la méditation qui a des effets bénéfiques sur le fonctionnement de mon cerveau et peut donc aider système limbique et cortex préfrontal à travailler ensemble dans un bon esprit d’entente et de camaraderie ! Ça c’est la neuroplasticité, je vous en reparlerai !